Pep Guardiola et son entraîneur adjoint fêtent la Liga 2011 sous l’ovation des joueurs. crédits Getty Images

L’histoire que j’aimerais vous raconter dans cet article commence pendant l’été 2008 à un moment où le FC Barcelone avait besoin d’un nouvel entraîneur. Les dirigeants catalans avaient alors décidé de miser sur un certain Pep Guardiola, une idée qui s’est avérée plus que brillante. Pep Guardiola était, à l’époque, un entraîneur aussi inexpérimenté que talentueux qui a su largement dépassées les attentes qui pesaient sur lui. L’entraîneur catalan a fait de son Barça l’une des, si ce n’est la, meilleure équipe de l’histoire du football en s’imposant comme objectif de gagner avec la manière.

 

Pourquoi Pep Guardiola ?

               

Pep Guardiola et José Mourinho lors d’un entraînement du Barça en 2000. crédits Marca/ Icon Sport

Au cours de l’été 2008, les dirigeants barcelonais ont un temps hésité entre deux entraîneurs pour reprendre le club après le départ de Frank Rijkaard. Le choix se portait soit sur José Mourinho, le célèbre boute-en-train portugais soit sur Pep Guardiola en charge, à l’époque, des équipes de jeunes de la Masia* (centre de formation du club, réputé comme étant le plus performant du monde). À la surprise générale, c’est Pep qui fut choisi au détriment de l’entraîneur portugais et heureusement pour le spectacle. Pep Guardiola est un pur produit issu de la formation catalane. Il a fait toutes ses classes en tant que joueur et en tant qu’entraîneur à la Masia où il a appris la philosophie et la culture de jeu barcelonaise. Élève de la vision de Johan Cruyff, il a appris que « Le football est un jeu simple, mais extrêmement difficile à jouer simplement ». Pep a très vite compris que c’est dans la simplicité du jeu que se révélait toute la beauté du football blaugrana.

 

Pep Guardiola et le nouveau jeu à la barcelonaise :                                    

Finale de la ligue des champions 2012 crédits: Glyn Kirk/AFP Photo

« Il y a des équipes qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas se passer la balle. Je ne vois pas l’intérêt. Pourquoi vouloir jouer alors? Ça n’est pas du football. Combiner, passer et jouer ça c’est le football que j’aime. » Xavi. 

Vous l’aurez donc compris au FC Barcelone il faut bien jouer, c’est le plus important, c’est ce qui fait l’identité du club. L’équipe doit avant tout s’efforcer de donner du plaisir aux amateurs de football en se basant sur trois axes de jeu principaux: la possession*, le pressing* et la tactique. Ces principes sont normalement difficiles à appréhender et à maîtriser, mais dès son arrivée Pep a fait étale de tout son talent d’entraîneur en réussissant à les adapter à son effectif et à sa vision en un temps record.  Le jeu « à la barcelonaise » cher à Johan Cruyff est enseigné aux joueurs du centre de formation dès leur plus jeune âge. La Masia a sans aucun doute eu un grand impact sur la vision de l’entraîneur, mais elle a aussi grandement apporté à l’équipe en général. En effet ; et aussi surprenant que cela puisse paraître, ce sont les équipes de jeunes qui ont fourni la majorité des joueurs titulaires (8 joueurs sur 11 en 2011 tout de même). Valdés, Puyol, Piqué, Busquets, Xavi, Inesta, Pedro et autre Messi ont tous fait leurs classes à la Masia, symbole de l’impact énorme qu’elle a eu sur la réussite du club.

Merci à Guillaume Dubois

Quand on parle du Barça de Guardiola, l’image qui nous vient tout de suite en tête est une possession de balle écrasante. C’est grâce à cette faculté à garder le ballon en toutes circonstances et face à n’importe quel type de défense que les blaugrana ont autant dominé le football européen à la fin des années 2000. Pour l’entraîneur catalan, la possession de balle a toujours été l’aspect tactique le plus efficace pour gagner un match de football, car selon lui, celle-ci n’offre presque que des avantages pour une équipe : « Ma vision du football est simple, tout commence et se termine par le ballon. Que je sois un entraîneur gagnant des titres ou pas, ce sera toujours ma priorité ». Au cours de l’ère Guardiola (2008-2012) il n’était pas rare de voir les Catalans étouffer leurs adversaires en ayant un pourcentage de possession de balle avoisinant les 70 %. La possession tient une place fondamentale dans la philosophie du club puisqu’elle permet d’avoir la maîtrise sur le rythme de la rencontre. Les joueurs peuvent, grâce à elle, choisir entre construire patiemment leurs actions ou s’engouffrer rapidement dans le moindre espace laissé par leurs adversaires. Si on prend le temps de regarder les matchs du Barça entre 2008 et 2012 on s’aperçoit que la plupart du temps les Catalans avaient la main mise sur les matchs ; décourageant leurs adversaires qui n’arrivaient à poser le pied sur le ballon qu’à de très rares occasions. La grande qualité de Guardiola est qu’il sait identifier les forces et les faiblesses de son effectif. Il a tout de suite cherché à s’appuyer sur les qualités de ses joueurs plutôt que de chercher à combler leurs lacunes : « Si vous allez au contact vous perdrez. Évitez le contact, soyez plus rapide, soyez plus intelligent. »

Célébration d’un but de David Villa lors de la victoire 4-1 contre Malaga en janvier 2011. crédits: FC Barcelone Officiel

Pour porter sa tactique Pep a pu s’appuyer sur un effectif monstrueux ce qui a fait de son barça une équipe très difficile à stopper. Imaginez-vous devoir courir derrière un ballon qui circule entre les pieds de Xavi, de Messi, d’Inesta et de Busquets, un véritable cauchemar. Ce sont des joueurs trop intelligents, trop propres techniquement et qui peuvent faire la différence à n’importe quel moment. Le trio Xavi – Inesta – Messi représente à mes yeux la meilleure alliance de « milieux de terrain » de l’histoire du football :

Xavi Hernández observait le rôle de maître à jouer de l’équipe. Il était celui qui dictait le rythme d’une rencontre et qui se faisait le relais du coach sur le terrain. Doué d’une capacité de passe hors du commun mise au service de sa très bonne vision de jeu, son rôle était de lancé les actions, d’aider à faire tourner le ballon entre les joueurs puis de trouver David Villa, Dani Alves, Pedro ou Messi dans la profondeur quand l’occasion se présentait. C’était le joueur idéal pour jouer le tiki-taka* de Guardiola. Cependant il m’est impossible de parler de Xavi sans évoquer son compère de toujours Inesta.

Andrés Inesta était un joueur fantastique à voir évoluer puisque élégant, agile et surtout très fin techniquement. Lui prendre le ballon des pieds relevait de l’exploit car la plus grosse qualité du catalan était son intelligence de jeu qui lui permettait de faire la différence à n’importe quel moment. Xavi et Inesta représentent sans aucun doute deux des meilleurs milieux de terrains de tous les temps. Malgré cela ces deux légendes se sont fondu dans l’effectif pour se mettre au service d’un petit génie argentin.

Messi offre la Supercoupe d’Espagne 2011 au Barça devant Iker Casillas et Cristiano Ronaldo impuissants. crédits: Laurence Griffiths/Getty Images

Le troisième membre du trio est le plus important, car comment parler du Barça de Guardiola sans évoquer le rôle de Lionel Messi. Le lutin argentin était au cœur du jeu barcelonais, celui par qui tout passait et le plus souvent par qui tout se finissait. Le quintuple ballon d’or était l’élément le plus important du système barcelonais puisqu’il participait au jeu de passe dans l’entre jeux tout en étant un buteur redoutable et redouté. Messi est la définition du talent brut, doué d’une technique inégalable et d’un sang-froid à toute épreuve, le légendaire numéro 10 des blaugrana a plus d’une fois ébloui les spectateurs de sa classe et de son génie. À l’instar d’un Zidane, d’un Maradona ou d’un Pelé ; Messi fait parti des fuoriclasse* du ballon rond.

De ces trois mecs se dégageait une impression de facilité insolente, avec eux le football devenait simple, fascinant, voir poétique. Tout était fait de technique, de contrôle orienté, de combinaisons et de jeu en une touche pour le plus grand plaisir de nos yeux.

Victoire du Barça 2-0 face au Viktória Plzeň lors de la ligue des champions 2011. crédits: mundo deportivo

 

Une machine à gagner :

 

Une tactique novatrice mise au service d’un effectif monstrueux. En effet sous l’ère Guardiola (2008-2012) le Barça a pris des allures d’ogres insatiables puisqu’en seulement 4 ans les blaugrana ont glané 14 titres ! Pep ne s’est pas seulement contenté de bien faire joué son équipe, il a aussi créé un véritable rouleau compresseur capable de dominé le football européen avec force. Dans la droite lignée de la philosophie du club « La qualité sans résultat est inutile, tandis ce que, le résultat sans qualité est ennuyeux.» La combinaison entre domination et beauté de jeu était aussi dévastatrice que fascinante. La plupart des coachs ont besoin d’une année ou deux pour installer leurs idées et rendre leur équipe performante, mais la plupart des coachs ne sont pas Guardiola. Dès sa première saison en tant qu’entraîneur le catalan a réussi à mener son équipe vers une saison historique. Au cours de l’exercice 2008-2009 le FC Barcelone a remporté 6 titres majeurs (une Liga, une Coupe du Roi, une Supercoupe d’Espagne, une Coupe du Monde des Clubs, une Supercoupe d’Europe et bien entendu une Ligue des Champions), une performance hors du commun et comme si cela ne suffisait pas c’est aussi l’année du 1er ballon d’or de Lionel Messi. En seulement quelques années la génération dorée a garni la salle des trophées du club de façon impressionnante, faisant du FC Barcelone l’une des plus grandes institutions du football européen. Sous l’impulsion de Guardiola les Espagnols ont remporté 3 Liga, 2 Coupes du Roi, 3 Supercoupes d’Espagne, 2 Supercoupes d’Europe, 2 Coupes du Monde des Clubs et 2 Ligues des Champions. Néanmoins comme j’ai essayé de l’expliquer à travers tout l’article, la beauté du jeu barcelonais a fait que certaines prestations ont eu plus d’impacts que certains trophées.

Messi crucifie Manchesrter United en finale de la ligue des champions 2011. crédits: Getty Images

Pour bien finir ce que l’on a commencé, laissez-moi vous parler de la finale de Ligue des Champions de 2011 opposant le FC Barcelone et Manchester United. Ce match représente le pinacle du jeu barcelonais. Une finale à part dans l’histoire, symbole de la domination catalane. Le 28 mai 2011 au soir, ce sont deux équipes de grande qualité qui sont entrées sur le carré vert, prêt à en découdre néanmoins les Catalans ont surclassé les coriaces Anglais. Bien que le match ait été serré au début, la précision du jeu de passe barcelonais et la domination au milieu de terrain a fait plier les Red Devils*. Trop rapides, trop intelligents et menés par un Lionel Messi de gala, les Barcelonais ont proposé un spectacle marquant. Un spectacle tellement marquant que le célèbre entraîneur de Manchester United sir Alex Ferguson, a déclaré que le Barça de Guardiola était « Sans aucun doute la meilleure équipe que je n’ai jamais vue car personne ne nous avait donné une telle raclée »

Guardiola est un magicien, un entraîneur géniale qui a su transmettre le plaisir de regardé du football à des millions de fans à travers le monde. Grâce à son effectif monstrueux et à son jeu léché le FC Barcelone est devenu, à mes yeux, la meilleure équipe à avoir jamais foulé un terrain de football. En tous cas celle qui m’a le plus émerveillé.

Célébration de la Liga 2011 au Camp Nou. crédits: David Ramos/Getty Images

la Masia* : centre de formation du club réputé comme le plus perfomant du monde.
Blaugrana* : surnom du FC Barcelone liée aux couleur caractéristiques du maillot rouge et bleu
Fuoriclasse* : mot italien qui désigne un esthète de son sport reconnu pour sa classe et son élégance hors du commun (littéralement au-dessus de la classe).
Tiki-taka* : c’est une tactique de possession de balles qui se base sur des passes courtes et un mouvement constant des joueurs pour libérer des espaces.
Possession* : la possession de balle est une donnée statistique qui calcule en pourcentage le temps de chaque équipe avec le ballon (par exemple si une équipe à 60 % de possession de balle cela veut dire qu’elle à eu le ballon dans les pieds pendant 60 % de la rencontre).
Pressing*: Les joueurs de l’équipe qui défend cours après le ballon pour essayer de le reprendre
Red Devils : Surnom du club de Manchester United qui se rapporte au diablo sur leur écusson.