crédit: Chris Elise

Dans la nuit du mardi 11 novembre 2019, la mythique franchise des San Antonio Spurs a rendu hommage à Tony Parker. L’ancien numéro 9 a reçu la plus belle révérence qu’une franchise NBA puisse offrir à l’un de ses joueurs , son maillot a été retiré pour trôner fièrement aux côtés de ses illustres aînés. Le retrait de maillot est un acte symbolique qui consiste à retirer un numéro de maillot des choix disponible pour les futurs joueurs de la franchise (équipe). C’est une immense preuve de respect que témoigne ici la franchise de San Antonio à leur ancien meneur. L’hommage se devait d’être à la hauteur de sa légende puisque notre Tony Parker national est non seulement le meilleur joueur de l’histoire du basket français mais aussi le meilleur meneur de jeu de l’histoire des Spurs, excusez du peu.

Lorsqu’il arrive en NBA en 2001, personne ne pouvait supposer à quel point il allait être performant et à quel point il allait marquer sa franchise. Il n’était alors qu’un frêle « petit français » de 19 ans à qui l’on prêtait un simple rôle de remplaçant. Il aurait pu s’en contenter, mais autant vous dire que ça n’a pas tout à fait été le cas. Il ne lui a fallu que 4 petits matchs pour prendre la place de titulaire, lui permettant de devenir le plus jeune meneur de jeu titulaire de l’histoire ( un petit record all-time pour bien commencer). Au début de sa carrière c’était un meneur-scoreur ultra-rapide (l’un des joueurs les plus rapides de la NBA, atteignant les 33km/h balle en main), il était aussi doué d’une capacité de finition sous le panier assez phénoménale qui lui permettait de conclure dans à peu près n’importe quelle situation. Grâce à son éthique de travail, il a su développer d’autres aspects de son jeu, notamment un shoot à mi-distance tout à fait correct et un sens de la gestion de l’attaque parmi les tout meilleurs de la ligue. TP est aussi reconnu outre- atlantique pour un geste particulier qu’il lui appartient presque entièrement, le teardrop ( ou le floater en français), qui est devenu grâce à lui, une arme offensive fondamentale pour les « petits ». Ces qualités de joueur ne sont cependant pas sa principale fierté, car Tony était avant tout un compétiteur tourné vers le collectif. Ce qu’il voulait par-dessus tout c’était gagner, gagner des matchs, gagner des titres, battre des records individuels et collectifs. Tony Parker représente le mélange parfait entre un compétiteur acharné et un joueur au petit ego dévoué pour le collectif.

(teardrop/floater caractéristique de Tony Parker face au Jazz) / Crédit: Greg Nelson

Il a parfaitement réussi à s’intégrer dans le collectif Spurs et a notamment formé avec Manu Ginobili et Tim Duncan ce qu’on appelle un « Big-Three ». Le Big-Three des Spurs dont la domination s’est étendue sur 14 saisons possède un nombre invraisemblable de records ensemble. Bien que les victoires soient liées aux performances de Tim, Manu et Tony sur le terrain, il ne faut pas minorer l’impact fondamental du stratège coach Popovich sur les résultats mais aussi sur l’évolution de Tony Parker en particulier.

Au cours de ces 17 années de bons et loyaux services au sein de la franchise texane, le « petit français » s’est constitué un palmarès gargantuesque : il a gagné 4 titres NBA en 2003, 2005, 2007 et 2014 sous la houlette de Gregg Popovich. Un exploit qu’aucun autre européen n’a réussi ne serait ce qu’à approcher. Avec ses potes Ginobili/Duncan, ils ont aussi amassé des records en tant que Big Three, notamment le plus grand nombre de victoires en saison régulière et en playoff.

Son palmarès individuel est aussi très chargé, 6 fois all-star, 4 fois sélectionné dans une all-NBA team, et une fois MVP des finales en 2007 (le premier Européen à être sacré meilleur joueur des finales). Il est aussi le meilleur passeur de l’histoire des Spurs, le 9ème meilleur marqueur le plus prolifique de l’histoire en playoff, le plus gros marqueur pour un Européen dans un match (55 points), etc. Un palmarès synonyme de légende.

Dans la Spurs family quand une légende s’en va, on sait lui dire au revoir. A l’image des cérémonies de retrait de maillots consacrées à Tim Duncan puis à Manu Ginobili, l’hommage à Tony Parker se dévoile dans un cadre sobre. Une dizaine de chaises sont agencées en arc de cercle au milieu du terrain, Tony Parker est au milieu avec sa famille entouré par le gratin des Spurs. Gregg Popovich son coach, David Robinson son mentor, Tim Duncan le meilleur joueur de la franchise et ami intime, Manu Ginobili son comparse de toujours et le dernier membre du Big- Three, puis dans la rangé de droite Boris Diaw son meilleur ami et le capitaine de l’équipe de France et enfin Bruce Bowen sa première idole chez les Spurs. (Il y a aussi Sean Elliott, Chip Engelland et R.C Bufford).

Crédit: Daniel Dunn

La première personne à prendre la parole est Gregg Popovich . L’affection entre les deux hommes est palpable et le respect mutuel. Le légendaire coach de la franchise cache son émotion derrière de nombreux traits d’humour, son discours commence par une preuve d’affection génial « Tony, je voudrais m’excuser pour les violences physiques et mentales que je t’ai fait subir ». En effet Popovich est reconnu pour être un coach extrêmement exigeant envers ses joueurs mais surtout envers ses stars ce que Tony a toujours accepté sans broncher pour servir le collectif. Pop’ répond ici avec humour à une interview que Tony avait donnée à Marc J. Spears, où il présentait son coach comme un « second père » et comme celui qui l’avait façonné « en tant que joueur et en tant qu’homme ».

C’est un hommage qui est véritablement poignant pour tous les fans de basket, car il est rare de sentir un lien aussi indéfectible entre un joueur et son coach. Il conclut en se disant honorer de l’avoir vu « arriver un jeune homme de 18 ans repartir en hall of famer ». Ensuite Boris Diaw a pris la parole , le meilleur ami de Tony Parker depuis le lycée et ancien joueur des Spurs lors du titre de 2014. Il a mis un point d’honneur à mettre en avant la place de Tony dans le basket français. « Le Capitaine » peut une nouvelle fois se fendre d’avoir trouvé une phrase aussi courte que mythique qui représente assez bien l’impact du numéro 9 sous les couleurs tricolores. « Tony Parker c’est le basket français », il n’y a pas grand-chose à ajouter. Ce fut ensuite David Robinson qui prit le micro et pour les moins initiés d’entre nous c’est un nouveau nom obscur qui vient garnir une liste déjà complexe. Pour faire court, David Robinson est l’un des joueurs majeurs de la franchise qui appartient à l’ancienne génération, il n’a été coéquipier de Tony que pendant quelques années jusqu’au titre de 2003 , mais il a véritablement eu un rôle de mentor (avec Bruce Bowen) pour le « petit français ». Son hommage s’est parfaitement fondu dans la ligne éditoriale implicite des Spurs, récompensant autant le joueur que l’homme, « Je le respecte plus pour l’homme qu’il est devenu que pour le formidable joueur qu’il a été ». Quand ce fut le tour de Tim Duncan puis de Manu Ginobili leurs propos n’avaient finalement que peu d’importance tant leur fraternité débordait. C’est avec des larmes aux coins des yeux que ces trois monstres sacrés de la balle orange célébrèrent leur carrière, laissant derrière eux des titres, des records et des exploits. La cérémonie se finit enfin, lorsque le maillot numéro 9 estampillé Tony Parker vient garnir le plafond du AT&T. La clameur se fit entendre du public, comme pour saluer une dernière fois monsieur Tony Parker. L’hommage fut à la hauteur de la légende, un hommage tout en sobriété qui exprimait seulement la volonté commune de dire « Merci Tony ».

(Tim Duncan, Manu Ginobili, Tony Parker et sa famille) / Crédit: Ronald Cortes

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